Fin septembre 1914 une Compagnie Cycliste est mise sur
pied au sein de la 71éme Division d’Infanterie à partir de cadres et de
Chasseurs du 41° Bataillon de Chasseurs.
Extrait du JMO du 41° Bataillon de Chasseurs :
« Le samedi 26 septembre 1914.
1 détachement comprenant :
2 Officiers ( Lt DARDE & S/Lt BAUER )
3 Sous-Officiers et Caporaux
37 Chasseurs
Quittent le Bataillon pour aller à RAMBERVILLER
constituer une Compagnie Cycliste. »
La Compagnie participe
dès le mois de novembre 1914 à des opérations de reconnaissance notamment sur
le secteur de CIREY (Meurthe et
Moselle). Où elle vient en renfort du Groupe Cycliste de la 2éme Division de
Cavalerie.
Extrait du JMO du 41° Bataillon de Chasseurs du 12
novembre 1914:
« Le Bataillon prend part à une reconnaissance
dirigée par le Général DALBIEZ Commandant la 151eme Brigade. L’opération sur
PETITMONT – VAL ET CHATILLON et ultérieurement sur CIREY doit être conduite par
2 colonnes.
1ere – à droite, groupement de Cavalerie comprenant
1 régiment de Dragons (à pied)
Le groupe cycliste de la 2eme DC
La Cie cycliste de la 71eme Division
1 batterie à cheval de la 2eme DC
Des autos mitrailleuses
Ce détachement doit par ST SAUVEUR venir occuper les
lisières Ouest du Haut Bois face à VAL ET CHATILLON et y être à 5H. »
La Compagnie prend
part à une nouvelle reconnaissance sur CIREY les 16 et 17 novembre 1914.
Reconnaissance au cours de laquelle le Sous-Lieutenant BAUER obtiendra une
citation.
Extrait du JMO du 41° Bataillon de Chasseurs :
« Reconnaissance offensive sur CIREY.
La reconnaissance dirigée sur CIREY est exécutée par 3
groupes sous les ordres du Général DALBIEZ.
1ere – à droite, à l’Est de la Vezouze et dans les Bois
2 bataillons du 359eme
Le groupe cycliste de la 2eme DC
La Cie cycliste de la 71eme Division »
Appeler en renfort la
Compagnie cycliste prendra part aux combats de la Chapelotte aux côtés de la
2éme Compagnie du 41° Bataillon de Chasseurs et des Coloniaux du 37éme RIC.
Elle subira de lourdes pertes lors des journées du 27 février au 4 mars 1915.
Récit de la bataille d’après un article de Louis Sadoul,
paru dans « Le Pays Lorrain » – 1922
« L’attaque qui, le 27 février, nous a menés
jusqu’au col et la chapelle va reprendre le lendemain et continuer les 1er, 2,
et 4 mars ; elle aura pour but de s’emparer de la côte 542.
Un bataillon du 373e attaquera le 28 au matin. Dans la
soirée, ce sera le tour d’un bataillon du 37e colonial, amené en hâte par autos
de Moyenmoutier où il était au repos.
Dès la pointe du jour, l’artillerie commence la préparation. On ne voit
rien, les sapins forment un impénétrable écran et faute d’objectifs bien
précis, le bombardement arrose toute la colline. Peu d’artillerie lourde :
que peuvent le 75 et le 65 de montagne devant de tels obstacles, les arbres
arrêtent les éclats et garantissent l’ennemi.
Après deux heures de préparation, les Corses partent à l’attaque. La
baïonnette basse, ils escaladent la pente, invectivant l’ennemi. De la côte
542, un feu d’enfer se déclenche, sur la crête des Collins, les mitrailleuses
allemandes tirent sans arrêt. Telles des nuées de frelons, les balles sifflent
sur les pentes de la Chapelotte. La première vague s’effrite, se disloque, elle
disparait comme dans un tourbillon.
Une seconde vague suit la première, les hommes se glissent dans les plis
de terrain, s’abritent derrière les arbres, mais ils avancent. Ils abordent les
tirailleurs allemands, leur font remonter la pente, et quand les Corses
arrivent au rocher de droite, la forêt des Vosges entend les cris de triomphe
lancés dans le patois de la Méditerranée.
Les assaillants échappent alors aux mitrailleuses des Collins, le rocher
de droite les met en angle mort, ils continuent à grimper et s’installent aux
trois rochers, droite, gauche et centre.
Impossible ensuite de déboucher de la ligne des rochers qui marque sur
le terrain un changement de pente et en avant de laquelle s’étend un glacis de
300 mètres qui va jusqu’à la côte 542, point culminant de la colline et but de
nos attaques.
En cet endroit, s’élevait alors une baraque rustique en rondins
construite à la fin de 1914 par le 70e alpins et baptisée de suite
« baraque des Chasseurs ». Il ne faut pas la confondre avec le
rendez-vous des chasseurs qu’on voit encore près de la route de Badonviller,
au-dessus du ravin d’Allencombe. La « baraque des Chasseurs »
s’élevait au sommet de la Chapelotte. C’est elle qu’il s’agit d’atteindre.
La baraque et ses abords sont garnis de mitrailleuses qui étendent sans
arrêt une nappe de balles sur le glacis. C’est une zone de mort que l’on ne
peut aborder. Les Allemands réagissent vigoureusement. Le terrain conquis, le
col, la Croix-Charpentier sont violemment bombardés, les balles arrivent
jusqu’au chemin de la crête opposée qui est la seule voie d’accès vers la
Vierge-Clarisse et Pierre-Percée. Le ravitaillement se fait difficile, il
s’effectue quand même.
Sous ce feu infernal, les brancardiers transportent les blessés au poste
de secours qui vient d’être établi à la Vierge-Clarisse et d’où les autos
sanitaires de la Croix-Rouge anglaise les amèneront à l’hôpital de Raon.
Le bombardement continue et l’on peut prévoir une contre-attaque
allemande. Nos éléments avancés, très diminués en nombre, épuisés par la
lutte, risquent d’être rejetés sur la maison forestière. Cette contre-attaque,
il faut la devancer.
Le colonel Hatton, qui a établi son poste de commandement dans la
chapelle, donne au 37e colonial l’ordre d’attaquer. La brigade, avec le colonel
Brute de Rémur vient s’installer à la Croix-Charpentier.
A 15 heures, notre préparation d’artillerie recommence, mais cette fois
sur le point plus précis de la baraque des Chasseurs. L’ennemi semble
abandonner toute idée d’attaque pour ne plus songer qu’à se défendre. Son
artillerie concentre ses feux sur la Vierge-Clarisse, la Croix- Charpentier et
le col, il cherche à empêcher l’arrivée des renforts.
Les coloniaux gagnent par petites colonnes à travers bois la ligne des
rochers qui sera leur emplacement de départ. Nos canons tirent sans arrêt.
Après une heure et demie de préparation, les coloniaux partent à l’attaque,
franchissent le changement de pente en avant des rochers et gagnent quelque
terrain. Mais dès qu’ils abordent le glacis, les mitrailleuses de la baraque
des Chasseurs que l’on croyait anéanties se révèlent et leur tac-tac sinistre
sème la mort parmi les marsouins pris à nouveau sous le feu de flanquement des
Collins. A peine est-elle lancée que la vague d’assaut se trouve clouée sur
place. Les coloniaux s’organisent sur une ligne qui s’appuie par les ailes au
rocher de droite et au rocher de gauche et par un saillant aigu, s’avance à 100
mètres en avant du rocher du centre.
La nuit tombe, l’artillerie ne cesse point son feu, l’éclair des pièces
et des éclatements déchire la nuit, les fusées éclairantes projettent des ombres
sinistres sous les arbres encore debout. Dans la montagne, le bruit des
explosions se répercute à l’infini, les détonations se heurtent aux flancs des
vallons et les échos se renvoient sans cesse un grondement de tonnerre qui ne
veut point s’éteindre. Le vacarme est infernal. Entre deux rafales, on perçoit
parfois le sifflement des mitrailleuses et le claquement rageur des balles.
Vers Badonviller, la journée a été chaude aussi et on entend encore le
roulement continu du combat qui n’a point cessé. Enfin à 9 heures du soir, une
accalmie se produit et tout retombe dans la nuit d’encre. Par instants
seulement monte vers le ciel la lumière éclatante des fusées.
A tâtons s’opère le ravitaillement et les évacuations. Les deux courants
en sens inverse suivent le chemin creux qui part de la route de Badonviller
près de la chapelle pour aboutir à la Croix-Charpentier et à la
Vierge-Clarisse.
Dans cette même nuit, arrivaient en hâte, transportés par autos-camions,
de nouveaux soldats, deux sections du génie, de la compagnie 27/4, commandées
par le capitaine Grandidier. Les sapeurs qui débarquaient dans cette nuit
d’hiver allaient tenir à la Chapelotte un rôle de premier plan. A tâtons, au
travers de la forêt, ils parviennent jusqu’au col. Les hommes s’étendent dans
le fossé, au milieu de camarades qui se sont déjà réfugiés là.
Au petit jour, les sapeurs se lèvent. Spectacle d’horreur, les camarades
près desquels ils ont dormi étaient les morts du combat de la veille.
Le temps qui jusqu’alors était superbe a brusquement changé pendant la
nuit. Le ciel s’est couvert d’épais nuages gris, un vent violent et froid
souffle du nord-est. Dans la journée, la neige se met à tomber par rafales et
bientôt elle couvrira entièrement la forêt.
La
neige, dans les forêts des Vosges, est un des plus beaux spectacles qui se
puissent voir. Chaque sapin se pare comme une marquise pour le bal et il n’est
point de brin menu qui ne brille c
comme un joyau. Mais aujourd’hui la neige va apporter de nouvelles
souffrances, une douleur de plus à l’horreur de la bataille.
Dans cette journée du 1er mars, on attaquera à nouveau la cote
542 ; un bataillon du 309e arrive en renfort de la 71e division. Les
Allemands ont commencé à se retrancher, à tendre des fils de fer entre les
arbres. Il faudra que les sapeurs du génie ouvrent des passages dans les
défenses pour permettre à l’infanterie d’avancer.
A midi, le bataillon du 309e est en place, à 13h30 commence la
préparation d’artillerie, à 15 heures, les sapeurs du génie sortent, précédant
l’attaque.
Mais les mitrailleuses de la baraque des Chasseurs sont intactes, les
sapeurs tombent avant d’arriver aux fils de fer. Continuer serait conduire à la
mort tous ces braves, l’attaque d’infanterie ne se déclenchera pas. La journée
s’achève en une fusillade, le bombardement continue violent, les arbres brisés,
tordus, hachés, tombent et s’entassent.
Le 309e, très éprouvé, rejoint la 71e division et le 373e reste en
première ligne. Le 37e colonial est mis en réserve à la Croix Charpentier et à
Pierre-Percée. Les sapeurs organisent un réduit de résistance autour de la
chapelle et de la maison forestière. Un bataillon du 115e territorial met en état
de défense la côte du Moulin, le village et le château de Pierre-Percée. Les
territoriaux doivent occuper les ouvrages, au cas toujours possible où nous
serions bousculés à la Chapelotte.
La nuit du 1er au 2 mars fut terrible. La neige n’a cessé de tomber. En
première ligne, les hommes, accroupis et immobiles, ont souffert atrocement du
froid. Beaucoup d’entre eux ont les pieds gelés et doivent être évacués. Sont
surtout atteints les Alpins du 70e dont les bandes molletières, trop serrées
autour de la jambe, arrêtent la circulation du sang. Les troupes en réserve ont
construit hâtivement de légers abris de branches et les hommes dorment sous la
neige, roulés dans leurs couvertures.
Le réveil est extrêmement pénible, les membres sont raidis par le froid,
des quintes de toux secouent douloureusement les poitrines. Les hommes n’ont
même pas le réconfort du traditionnel quart de café.
Tout feu qui s’allume est immédiatement bombardé et il faut se contenter
d’un morceau de pain sec durci par la gelée. D’ailleurs, depuis quatre jours,
les soldats n’ont pu prendre de repas chaud, ils ont mangé ou plutôt englouti
hâtivement quelques conserves, du singe, du bœuf du ravitaillement.
Le 2 mars, à 10 heures du matin, des ordres arrivent. On attaquera dans
l’après-midi, un bataillon du 349e est venu tout à l’heure de la 71e division.
Hier, les sapeurs du génie n’ont pu entamer les fils de fer avec leurs
cisailles, aujourd’hui ils essayeront de les détruire avec des pétards de
mélinite fixés trois par trois au bout de tringles de bois. On renforce la
préparation d’artillerie, les arbres, déjà éclaircis, laissent mieux apercevoir
la cote 542, et les obus éclatent, à une cadence rapide, sur la baraque des
Chasseurs. Les mitrailleuses se taisent, peut-être enfin sont-elles détruites.
Il n’en est rien, hélas, et quand à 15h30, les sapeurs partent, le tac-tac
terrible porte à nouveau la mort. Ce jour encore, l’attaque d’infanterie ne
peut sortir. La fusillade, le bombardement continuent toute la nuit.
De mauvaises nouvelles arrivent de Badonviller, l’ennemi a prononcé une
contre-attaque violente. Si un repli se produit sur Badonviller, le secteur de
la Chapelotte sera sérieusement menacé dans son flanc gauche. Nos hommes ne
peuvent éternellement rester accrochés aux flancs de la Chapelotte. Il faudra
peut-être bientôt songer à se retirer sur la ligne Pierre-à-Cheval,
Croix-Charpentier, Vierge-Clarisse. Dans la nuit, une organisation est mise en
chantier, au jour elle est déjà puissante et l’ennemi ne pourrait l’enlever
sans y mettre le prix.
Bientôt les nouvelles de Badonviller sont meilleures, la situation a été
entièrement rétablie.
Le 3 mars, l’ordre est encore d’attaquer. Il faut en finir et occuper la
cote 542.
Une compagnie de chasseurs cyclistes arrive dans la matinée et laisse
ses machines à la Vierge-Clarisse. La 71e division a envoyé de l’artillerie. Le
bataillon du 37e colonial attaquera à droite et au centre de la position, la
compagnie cycliste à gauche, au-dessus du ravin d’Allencombe, les sapeurs
feront des passages dans les réseaux.
A midi se déclenche le feu de l’artillerie, la préparation durera deux
heures et demie. C’est un feu d’enfer qui fait vibrer la forêt et embrase la
montagne. Certaines pièces tirent court sur les fils de fer pour ouvrir la
brèche. L’artillerie allemande riposte énergiquement, de nouvelles batteries se
démasquent au Haut-des-Fous, près d’Angomont. La tranchée française est battue
par les feux de face venant de la Roche-aux-Cochons et les feux de flanc de la
Sciotte à droite, du Haut-des-Fous à gauche. Les troupes qui sont en place pour
l’assaut sont très éprouvées. Par surcroit, des éclatements prématurés d’obus
français se produisent. Un 75 touche un arbre au-dessus de la tranchée, il
éclate et met hors de combat 18 coloniaux.
2h25. On va partir, baïonnette au canon. 2h30. Tout-à-coup, éclatent les
notes stridentes, endiablées, des clairons. Les coloniaux, dressés sur la
tranchée, sonnent la charge. En avant ! Sublimes de courage, les Marsouins
grimpent la côte sons la mitraille. Le clairon sonne toujours.
Les coloniaux sautent dans la tranchée allemande, ils passent les
défenseurs à la baïonnette, ils sont à la baraque des Chasseurs et exterminent
les mitrailleurs qui l’occupent encore. La Chapelotte est à nous.
Mais le haut de la côte est pour l’artillerie et les mitrailleuses
allemandes un but trop visible. Balles et obus arrivent de toutes parts,
l’endroit n’est pas tenable.
On s’organise à contre-pente, à dix mètres en arrière. Si nous
n’occupons pas la baraque des Chasseurs, l’Allemand du moins ne pourra y
revenir, nous la tenons sous notre feu à quelques mètres.
A gauche, les Chasseurs se sont élancés avec le même courage, mais leur
attaque a été moins heureuse. Prise sous un feu terrible de front et de flanc,
la compagnie cycliste est presque anéantie. Tous les officiers et la plupart
des gradés sont tués ou blessés, les trois quarts de l’effectif sont mis hors
de combat et le soir, à la Vierge Clarisse, c’est un sergent qui commandera la
compagnie.
Quand il fera l’appel des 200 hommes arrivés le matin, 35 seulement lui
répondront.
En fin de journée, la ligne sur laquelle on s’établit, s’appuie aux deux
rochers de droite et de gauche et forme un saillant très en pointe de deux
cents mètres de flèche. Ce saillant est trop étroit, il faudra l’élargir.
La nuit tombe. Le bombardement ennemi continue jusqu’à dix heures du
soir. En plus des points habituellement battus, les obus tombent sur
Pierre-Percée et ses abords, sur la route allant du village à la
Vierge-Clarisse et celle de Badonviller (cote 360). Les routes d’accès de la
vallée, surtout vers la Soie et la Menelle sont bombardées par intermittence. A
la Chapelotte, au cours de la nuit, le ravitaillement et les évacuations ne
s’effectuent qu’au prix d’efforts inouis. Les arbres abattus, les trous d’obus
ont bouleversé les chemins et sur la neige qui commence à fondre, on patauge
dans la boue glacée.
Les blessés affluent au poste de secours de la Vierge-Clarisse, le
nombre des pieds gelés augmente, les autos sanitaires multiplient les voyages aussi
vite que le permet l’état des routes.
Dans l’humidité froide qui enveloppe la forêt, les hommes en réserve ont
pu à peine se reposer, l’eau a pénétré sous les abris en branchages, on ne
trouve plus un endroit sec pour s’étendre.
En première ligne, les coloniaux, renforcés par des éléments du 373e,
gardent la position. Le 4 mars, ils reçoivent en renfort un bataillon du 370e,
envoyé encore par la 71e division.
Ce bataillon était au repos depuis quinze jours à Rambervillers. En
hâte, il a été alerté et dirigé sur la Chapelotte. Son arrivée allait exciter
quelque curiosité.
Pendant
le repos, on a donné aux hommes le nouvel uniforme bleu horizon qui commence à
faire
son apparition sur le front. Le bataillon arrive, habillé de neuf et
tiré à quatre épingles. Les soldats qui sont à la Chapelotte ont leurs
uniformes en lambeaux et couverts de boue, ils accueillent les nouveaux venus
comme des gravures de modes.
Les mitrailleuses de la baraque des chasseurs ne sont plus à craindre.
Mais aux Collins, les mitrailleuses prennent de flanc la Chapelotte, elles sont
installées derrière la cuirasse invulnérable des rochers et c’est en vain que
l’artillerie française s’acharne sur leurs emplacements présumés.
Le 370e ne progresse que très faiblement, les positions restent
sensiblement les mêmes. Les attaques d’infanterie sont trop coûteuses. Pour
élargir le saillant, on va faire appel aux sapeurs du génie. Ils se mettent
aussitôt à l’œuvre.
De part et d’autre du saillant, ils creusent des galeries, en cheminant
sous terre, dans des directions différentes puis, quand les têtes de sapes sont
arrivées en des points favorables, ils les réunissent par le même procédé de
galeries souterraines. La tranchée de première ligne est ainsi constituée, mais
au prix de quelles difficultés, on le comprend sans peine.
Les Allemands ont vu le travail et cherchent à l’arrêter. Les fusils,
les mitrailleuses et le canon tirent sur le haut de la colline. La nuit
surtout, des patrouilles se glissent en rampant et lancent des grenades dans la
tranchée commencée.
La position de la Chapelotte s’organise tout de même.
On approfondit les tranchées, on les aménage et on y creuse des abris.
Vers la fin du mois de mars, le plus gros est fait et la situation peut être
ainsi décrite. Un saillant qui s’appuie solidement sur les deux rochers
d’ailes, à droite et à gauche, avec une extrême pointe au poste d’écoute de la
baraque des Chasseurs. Du rocher de droite, la première ligne va rejoindre
l’organisation des Collins. Du rocher de gauche, elle descend dans le ravin
d’Allencombe qu’elle domine, formant barrage, puis la ligne rejoint la route de
Badonviller et la suit jusqu’au rendez-vous des chasseurs où se fait la soudure
avec la 71e division (8e armée).
La pointe du saillant est à douze mètres de la première ligne allemande.
L’ennemi continue à s’acharner sur ce lambeau de terrain qui lui a été
arraché pied à pied. Tous les jours, c’est une avalanche de projectiles de tous
calibres. Les sapins s’éclaircissent de plus en plus. Les balles, les éclats
d’obus ont à demi scié leurs troncs et le moindre coup de vent en abat des
centaines. Le bombardement qui continue émiette les arbres à terre.
Il cause aussi, des pertes en hommes assez sensibles. A cette époque de
la guerre, les tranchées sont occupées au coude à coude, de nombreuses troupes
sont en première ligne et cette conception fâcheuse, à laquelle on renoncera
bientôt, multiplie, hélas les morts et les blessés.
C’est ainsi, du 27 février au 4 mars 1915, que fut occupée la
Chapelotte.
Jusqu’en 1918, elle restera, sur le front calme des Vosges, un point de
friction, un secteur agité. Au canon se joindront tous les engins de tranchée
en usage, la grenade à main et les premières torpilles dites tuyaux de poêle,
les grenades à fusil, les bombes de 77, et les minen monstrueux de 240 chargés
de cent kilogrammes d’explosif. Les terribles gaz asphyxiants seront aussi
employés. Le 6 juin 1918, notamment, une émission de gaz causera de nombreux
morts dans les rangs du 338e R.I. »
Extrait de l’Historique du 41° Bataillon
de Chasseurs :
Fin juin 1915, la
Compagnie Cycliste est cantonnée à la Caserne LAMIRAULT de BACARAT avec des
Cyclistes Hussards.
Source : JMO du
Service de Santé de la 71éme Division d’Infanterie
Le 1er juillet 1915 le
41° Bataillon de Chasseur quitte la 71éme Division d’Infanterie pour rejoindre
la 41éme Division d’Infanterie. Mais la Compagnie Cycliste formée par des
Cadres et des Chasseurs du 41° Bataillon restera à la 71éme Division jusque
début novembre 1915. A partir de juillet 1915, ils seront cantonnés à
MERVILLER. Comme en atteste le Journal de Marche et d’Opération du Service de
Santé de la 71éme Division.
Une grande partie des
Cadres et des Chasseurs de la Compagnie rejoindront le 50° Bataillon de
Chasseurs.
L’historique du 50e Bataillon de Chasseurs à Pied
mentionne (fin octobre-novembre 1915) :
« Ramené à Moncel pour se recompléter, le Bataillon
reçoit un important renfort du dépôt et des éléments prélevés sur la compagnie
cycliste de la 71e DI, qui vient d’être dissoute et qui passe avec la plupart
de ses cadres au 50e BCP. »
Effectivement,
le 2 novembre 1915, le 50e BCP reçoit un renfort de 7 sergents, 1 caporal
fourrier, 7 caporaux de la compagnie cycliste de la 71e DI dissoute.
Puis le 5 novembre, le CNE LABOEUF, de la compagnie cycliste de la 71e DI,
arrive au 50e BCP et prend le commandement de la 9e compagnie.
Liste des personnels recensés à ce jour :
Capitaine DARDE René
Albert
Sous-Lieutenant BAUER Léon Eugène
Sous-Lieutenant CATESSON Joseph Pierre Marie
Sous-Lieutenant PARADIS Paul Eugène
Sergent GAUDRY Léon
Chasseur 2Cl BARDIN Pierre
Chasseur 2Cl BATIFOL Baptiste
Chasseur 2Cl BAUJARD Narcisse
Chasseur 2Cl BRILLAUT H
Chasseur 2Cl GAMOT Victor Albert
Caporal HABERT René Lucien
Chasseur 2Cl MICHOT Eugène Léopold
Caporal PICARD Pierre Auguste Séraphin
Chasseur 2Cl SAUTROT Raoul Albert
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